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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/235

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VI


La maison reprit son air habituel, et chacun de nous son train ordinaire. Moi je m’occupais du moulin avec Gustou, et mon oncle allait à la Borderie où se bâtissait la grange, pour laquelle il fallait mener du sable, des bois, et des tuiles afin de la couvrir. Quand je dis que la maison reprit son air habituel, c’est une manière de dire qu’elle redevint tranquille comme avant la noce ; mais pour dire vrai, elle était autrement plaisante. Dix fois le jour je montais du moulin, pour voir ma femme et lui dire un petit mot d’amitié, et je m’en retournais au travail. Des fois, elle descendait avec son ouvrage et rapiéçait du linge ou des hardes, tandis que je faisais moudre. Lorsque je m’en allais en route, chercher du blé ou rendre de la mouture, il me tardait d’être de retour ; et quand de loin je voyais les grands châtaigniers de la cime du terme, et ensuite fumer la cheminée de la maison, je me sentais tout réjoui. Alors en cheminant je me disais qu’il n’y avait pas de sort plus heureux que le mien ; ayant une belle et bonne femme que j’aimais bien, et qui me le rendait, et vivant tranquille avec mon oncle en travaillant, ne craignant