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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/256

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d’après ce que nous aurions mérité, par nos bonnes actions ou par nos fautes, et non pas d’après les démarches d’autrui et des prières payées : autrement, ça ne serait pas juste.

À l’église, les uns se mirent dans le banc de la famille, les autres, dans les leurs, et au fond, du côté de la porte, les pauvres gens qui avaient coutume de se mettre à genoux sur les dalles eurent des chaises que la demoiselle leur avait fait donner. Le curé passa un habillement noir où il y avait des têtes de mort et des os croisés dans l’échine, et chanta une messe qui dura plus d’une heure. Puis quand tout fut fini, qu’il eut aspergé, encensé le mort qui était là dans sa caisse, en tournant tout autour, les porteurs qui étaient allés à l’auberge se chauffer et boire, pour ne pas attraper de mal en venant ayant grand chaud dans cette église glacée, les porteurs donc remirent la caisse sur leurs épaules pour s’en aller au cimetière. C’était là, autour de l’église : la fosse était creusée dans un terrain clôturé appartenant aux Puygolfier, et où il y avait des pierres des anciens avec leurs armoiries dessus.

Jeandillou, qui était fossoyeur aussi bien que marguillier, fit bien attention tant qu’il put, mais avec ça, en touchant au fond du trou, la caisse lourde fit un bruit sourd qui fit gémir la pauvre demoiselle Ponsie.

Quand chacun eut jeté sa goutte d’eau bénite, sa pelletée de terre, Jeandillou finit de combler le trou, et la nièce du curé emmena la demoiselle à la maison curiale, où les gens comme il faut, amis et voisins, allèrent lui faire leurs complaintes et leurs adieux. Ceux qui avaient laissé leurs chevaux à Puygolfier attendirent un moment, et revinrent avec elle, après quoi ils s’en allèrent, de manière que, le soir, elle était seule avec la grande Mïette.

La pauvre demoiselle n’était pas au bout de ses