Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/372

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Cette guérison fit parler beaucoup du sorcier de Prémilhac qui était déjà bien renommé ; mais comme il était très vieux, il ne jouit pas longtemps de ce regain de réputation, car il mourut à la Noël d’après.

Encore aujourd’hui, quand on voit dans le pays quelque pauvre vieux plein de douleurs, on parle du défunt sorcier, comme de quelqu’un qui l’aurait guéri.

Peu après ce rissolage de Gustou dans le four, rentrant un jour du marché d’Excideuil, je trouvai les droles qui étaient revenus d’en classe, disant que le régent les avait renvoyés. Pourquoi, ils n’en savaient rien et n’avaient rien fait pour ça. Moi, je me pensai qu’il y avait quelque canaillerie de M. Lacaud là-dessous, et je me demandais quelle mauvaise raison on avait pu donner, pour renvoyer des enfants qui étaient tranquilles.

Il faut dire que depuis le récent chambardement du 24 mai, M. Malaroche avait été changé. Son remplaçant était une espèce de pauvre innocent, qui fréquentait beaucoup le curé et l’église, et toute sa famille aussi. Sa femme et ses quatre filles étaient enrôlées dans une confrérie des Enfants de Marie et portaient, pendue à un grand cordon bleu, une médaille large comme une pièce de cent sous. Jamais on ne les voyait sans cette décoration ; dedans, dehors, en classe, à la cuisine, à table, ou à se promener, toujours elles avaient leur médaille ; Roumy disait qu’elles couchaient avec. C’était elles qui avaient soin de l’église, mettaient des fleurs dans les vases, en faisaient en papier, tenaient le linge propre, et faisaient tomber la poussière de partout. La dame était une grosse boulotte de quarante-sept ans, qui, avec sa médaille, faisait la plus risible enfant de Marie qu’on pût s’imaginer : et n’oublions pas, qu’avec ces petits airs de jeunesse qu’elle se donnait, elle portait les culottes à la maison.