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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/413

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aucune chose qui vaille la peine d’être marquée. Mais quelque temps avant la Noël, Fournier vint nous trouver et nous dit que, les élections pour les conseillers municipaux devant avoir lieu au commencement du mois de janvier 1878, il avait idée de faire une liste contre celle de M. Lacaud, pour tâcher de le déplanter. D’après des choses qu’il avait ouï dire à quelques-uns, il pensait qu’on pourrait y arriver.

— Ça, je lui dis, ça serait une bonne chose et un grand bien pour la commune, car tant qu’il sera là nous resterons en arrière des autres, et il ne faut pas compter qu’il se retire de bonne volonté.

Là-dessus, nous nous mîmes tous à courir les villages avec Roumy, Maréchou, le fils Migot, et tant nous prêchâmes les gens qu’en fin de compte la liste de mon gendre passa toute, à une majorité de trente ou quarante voix, selon les conseillers, et quant à lui, il ne lui manqua que vingt-deux voix pour les avoir toutes.

Après que le résultat fut connu, tout le monde vint toucher de main à Fournier. Ceux qui avaient voté pour la liste de M. Lacaud, ne pouvant faire autrement, étaient tout de même contents de n’avoir plus affaire à lui ; et ceux-là même qui n’avaient pas voté seulement pour Fournier, voulaient lui faire croire que si, de crainte qu’il ne leur en voulût ; mais ils se trompaient sur son compte, il n’était pas un Lacaud.

Aussitôt qu’il fut maire, Fournier commença à s’occuper des affaires de la commune, et ça n’était pas sans besoin, car le régent que M. Lacaud avait mis pour secrétaire, tenait mal les papiers et les registres. Ce régent était toujours ce même qui avait renvoyé mes droles dans le temps, et il ne convenait pas à mon gendre ni guère à personne, parce qu’il n’apprenait rien aux enfants, était trop souvent à l’église et dans la sacristie, et pas assez à sa classe. Et encore,