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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/45

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cafés et d’auberges pour faire fermer. À l’offre de trinquer, le gros répondit :

— Sur le pouce alors, le commissaire ne badine pas aujourd’hui ; il est en permanence à son bureau, et il faut que nous allions au rapport après notre tournée.

— Bah ! dit Poncet, Claverie ne peut pas empêcher les gens de se rafraîchir, que diable !

Après avoir trinqué tous ensemble, il fallut repiquer d’un autre verre, et enfin nous sortîmes avec les agents.

Après que tout le monde se fut bien secoué la main, mon oncle me dit :

— Maintenant mon petit, nous allons aller nous coucher ; il est bien temps. Demain, en nous levant, nous irons voir si je peux m’arranger pour cette mule que j’ai vue aujourd’hui, ou pour une autre. Après ça, il me faut acheter une bastine, une bride et une casquette. Nous rentrerons déjeuner ensuite et vers les deux heures nous partirons pour chez nous.

Il mit le loquet dans la serrure, ouvrit doucement, et nous montâmes l’escalier sans bruit : Il faut prendre garde de réveiller ta mère.

Après nous être vitement déshabillés, nous nous couchâmes dans le même lit, car nous n’en avions que deux à la maison. Je songeai un peu à la jeune géante, et je m’endormis.

Le lendemain matin il fallut voir les écuries des marchands, et enfin, vers les dix heures, nous voici derrière la mule en question. Ce qu’il fallut de temps pour faire le marché, et de jurements, et de sacrements du maquignon, de coups dans les mains à tour de bras, histoire de se mettre en train, ce serait trop long à dire. Enfin, un accordeur vint là, qui fit couper la différence, mais ce ne fut pas sans peine, au moins on l’aurait dit. Cet homme prit une