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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/83

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la poitrine étalée, avec une haute coiffure qu’on aurait dit bâtie par un architecte, et qui ne devait pas passer aisément sous les portes.

Il y avait aussi le petit duc de Bordeaux en pantalon blanc, court, avec des souliers découverts à boucles, un petit justaucorps et une collerette. Il goûtait la soupe de l’ordinaire, dans la cuisine des hussards de la garde, à Fontainebleau. Derrière lui des généraux et des officiers, le chapeau sous le bras.

Comme le petit prince n’avait pas l’air d’y aller de bon cœur, je disais toujours :

— Il ne la trouve pas bonne, la soupe !

Puis c’était le duc d’Angoulême en général, arrivant sur le front des troupes pour passer une revue. Il était reçu par les généraux qui le saluaient tous ensemble, le chapeau au bout du bras demi tendu vers lui :

— Est-ce qu’ils lui demandent la charité ? disais-je à la demoiselle.

Ils étaient curieux, ces généraux ; ils se ressemblaient tous : ils avaient de grands nez droits, de petits favoris, pas de moustaches, et les cheveux frisottés ramenés sur le front.

Il y avait encore Henri IV à cheval, entrant à Paris ; la prise du Trocadéro, où on ne voyait rien, rapport à la fumée ; un portrait de feu Monseigneur de Lostanges, et quelques autres tableaux.

Sur la tablette de la cheminée, était toujours un gros chat sauvage empaillé, tué par M. Silain dans le bois que depuis on a appelé le Bois-du-Chat : au-dessus, était accroché un baromètre, que le Monsieur ne manquait pas de consulter en partant pour la chasse.

Mais de tout ça, ce qui m’amusait le plus, c’était un paravent curieux. Sur le papier de couleur claire, la défunte dame de Puygolfier et sa fille avaient collé partout des images découpées, qui n’étaient, pour la