darde, — d’apparence hommasse, à la poitrine plate, aux hanches effacées, grisonnante, au tein jaune, aux traits forts, avec une légère moustache et des favoris. Cette créature, dont la personne et le costume équivoques causaient une désagréable impression, les recevait en pantoufles dans une pièce horriblement surchauffée, à moitié vautrée sur un divan, et les regardait d’un œil faux et dur en fumant des cigarettes russes. La dame écoutait les obséquieux compliments des visiteurs d’un air froid, ennuyé, et ne parlait que par monosyllabes, ou par courtes phrases hachées : « Oui »… « Non »… « Je ne sais »… « Peut-être »… « Qu’importe ! »… « Il se peut ». Lorsqu’on la félicitait d’être la maîtresse de cette belle terre et de cette superbe demeure seigneuriale, elle haussait les épaules… Qu’était cela auprès de son palais des Champs-Élysées ?… ou de son château de Styrie, dont le domaine englobait tout un district ?…
Les dédains de cette parvenue et la désinvolture avec laquelle elle parlait de millions, imposaient aux visiteurs, qui redescendaient fascinés par la contemplation du veau d’or. Aucun d’eux ne se permit de critiquer ces cigarettes si amèrement reprochées à mademoiselle de Caveyre ; et nul ne parut se froisser de sa morgue ni de sa réception insuffisamment polie : tout n’était-il pas permis à une femme tant de fois millionnaire ?