Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/140

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n’y serez pas, je vous demande la permission de continuer à offrir mes services à mademoiselle Michelette.

— Certainement !… Je vous remercie de votre offre généreuse !… L’isolement et le dénûment de ma fille étaient mon plus grand souci là-bas… Aussi vous serai-je très reconnaissant de me remplacer près d’elle.

Et, après une chaleureuse poignée de main à son locataire, l’inventeur, l’esprit libre de ce côté, alla s’enfermer dans son atelier.

Le retour de M. Desvars coïncidait avec une certaine agitation qui se manifestait à Auberoque à propos de la station du chemin de fer. Car une ligne ferrée avait été votée qui devait passer « par ou près » Auberoque, comme on dit en style législatif. Les études avaient été faites, le tracé était achevé, il ne s’agissait plus que de décider de l’emplacement de la station. Les gens de Charmiers demandaient à hauts cris qu’elle fût construite dans la plaine, près de leur village, au point de jonction de deux vallées sillonnées par des routes et plusieurs grands chemins qui se croisaient là. Ils avaient pour eux le bon sens, la raison technique, l’intérêt général et l’économie : mais en pareille affaire il ne suffit pas d’avoir quatre fois raison.

Les habitants d’Auberoque, de leur côté, tenaient fort à avoir la station chez eux, ou du moins « à leur