Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/290

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faisait l’entendu, donnait des conseils et s’agitait, inutilement, comme toujours, car nul ne l’écoutait.

Ce fut là qu’un vérificateur de l’enregistrement, accompagné de M. Lefrancq, le trouva, un matin, en allant à la perception constater le timbrage des registres.

— Je suis bien aise, dit-il au vérificateur après les premières politesses, de surveiller un peu ce qui se passe… en amateur, sans doute, mais un œil clairvoyant n’est jamais de trop !

Et il se redressait, faisait l’important, et lançait sa jambe plus raide en avant.

Il se trouva que ce vérificateur était quelque peu cousin de parents éloignés de la famille de « Mrs Monturel » et il dut se laisser présenter à ces dames au salon. Au cours de cette visite improvisée, on parla de cette parenté, puis de quelques connaissances communes, et la cérémonieuse épouse du percepteur se félicita du hasard, de l’heureux hasard, qui avait amené cette constatation. « Miss Margaret », elle, ne parlait pas, mais elle avait ôté son pince-nez pour mieux voir et contemplait M. Lefrancq avec des yeux qui en disaient long. À l’issue de cette visite, le vérificateur et le receveur sortirent de la maison Monturel avec une invitation à dîner pour le lendemain.

M. Lefrancq n’avait garde de se laisser attendrir par la passion visible de « miss Monturel » et les