Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/299

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— Voyons, mon cher camarade, en deux mots : il s’agit de mademoiselle Monturel. Elle est fille unique, puisque ce pauvre John est mort de la « picote » pendant la guerre : elle aura ça comptant et le double après la mort de ses parents… Hein ?

— Je vous remercie de l’ouverture, mais je n’accepte pas ; eût-elle des millions, je n’épouserai jamais mademoiselle Monturel.

Ils étaient arrêtés, en ce moment, sur la place. Le vérificateur regarda, un instant, M. Lefrancq, tout étonné de ce refus, puis dit :

— Alors, n’en parlons plus et allons déjeuner.

Après avoir repris son service, M. Lefrancq songea à autre chose. Sa mère était morte pendant le siège, à Auch, où elle s’était réfugiée chez des parents : rien ne s’opposait plus à son mariage avec Michelette. Dès le lendemain, il se rendit chez le maire pour les publications.

Le maire n’était plus M. Lavarde : il avait été révoqué comme trop modéré et remplacé par son adjoint, M. Bourdal, qui affichait maintenant bruyamment ses sentiments républicains, comme autrefois son bonapartisme. En devenant maire, M. Bourdal était resté lui-même, crétin, avare, autoritaire et intolérant ; mais il avait badigeonné tout cela de républicanisme. Quoiqu’il ne pratiquât point d’habitude, ce despote de village avait la prétention de limiter l’irréligion des autres sur la sienne propre :