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Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/334

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en tendant les bras à l’enfant ; n’as-tu pas peur de ma barbe blanche ?

— Oh ! non, monsieur Farguette : papa et maman parlent trop souvent de vous !

— Et que disent-ils du vieux potard, ma Sylvette ? fit l’ex-pharmacien en l’embrassant ; bien du mal, n’est-ce pas ?

La petite secoua sa tête aux boucles brunes en souriant.

— Nous vous avons fait attendre ? demanda M. Farguette à Michelette.

— Non, non, point du tout ! J’ai mis le couvert, mais je ne crois pas que votre Minotte soit tout à fait prête.

Les deux jardins avaient été réunis en un seul, par la démolition du petit mur de séparation sur lequel M. Lefrancq s’était tant de fois accoudé en parlant à Michelette. La maison avait été rétablie aussi dans son unité primitive par la suppression de l’escalier de l’ancien logement des receveurs et la réouverture des communications maçonnées dans le mur de refend.

— J’ai plus de logement qu’il ne m’en faut, disait M. Farguette, mais je n’aime pas les voisins trop près ; et puis je suis bien aise de vous loger largement lorsque vous venez aux vacances, ce qui arrive beaucoup trop rarement : voilà bien longtemps que vous n’étiez venus !