Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/344

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toutes ces absurdes épreuves, à tous ces odieux examens du brevet simple, supérieur et autres, qui, à bref délai, tueront la femme française…

— Merci pour l’enfant, mon cher ami, mais vous devez avoir des héritiers naturels ?

— Je crois bien avoir encore quelque cousin au troisième ou quatrième degré, mais je ne le connais même pas, et, d’ailleurs, le peu que j’ai ne vient pas de la famille… Ainsi, n’ayez pas de scrupules !… Ce qui me fait plaisir, ajouta M. Farguette, c’est que tous vos garçons seront des hommes utiles à leur pays et non pas des « otieux », selon l’expression de maître François, de ces oisifs nuisibles comme il n’y en a que trop.

— Nous n’avons pas de fortune à leur laisser, répondit M. Lefrancq, mais, fussions-nous dix fois millionnaires, que je leur ferais pourtant prendre une profession. « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger », a dit l’apôtre… ou à peu près.

— Voilà que vous citez saint Paul, maintenant !

— Pourquoi non ? Je prends ce qui est bon, partout où je le trouve !

De là, l’entretien coula vers la politique, et M. Farguette se montrait pessimiste comme autrefois. Le train des choses le désolait, le défaut d’esprit civique l’affligeait, l’affaissement des caractères le décourageait, l’abandon des principes le désespérait… Mais bientôt il s’arrêta :