Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ajouta-t-elle, à un geste du receveur ; j’en use, ainsi…

Cela se voyait assez aux doigts « culottés » de mademoiselle de Caveyre. Mais M. Lefrancq remercia :

— J’ai encore des visites à faire… Excusez-moi d’être obligé de prendre congé de vous.

Ce disant, il se leva.

La directrice l’accompagna jusqu’à la porte :

— Allons, dit-elle, lorsque vous vous ennuierez par trop, venez sans façon ; nous fumerons une cigarette en prenant une tasse de thé… Au revoir ! ajouta-t-elle, après une nouvelle poignée de main bien sentie.

« Quelle luronne ! » pensait M. Lefrancq en se dirigeant vers la maison du percepteur.

M. Monturel était, non pas peut-être positivement scrofuleux, comme le disait madame Desguilhem, mais il avait une cicatrice au cou, et puis était un peu nerveux. Dans la marche, il lançait vivement la jambe droite en avant, comme pour donner un coup de pied à un roquet importun, et agitait parfois les bras brusquement, sans cause apparente, comme un pantin dont on tire la ficelle. C’était un gros courtaud de cinquante ans, à la barbe poivre et sel taillée de près, qui bredouillait un peu en parlant, ce qui ne l’empêchait pas de beaucoup parler. Il avait la manie de se donner de l’importance, de