Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il lui sourit et protesta qu’il était toujours le même, le Damase d’autrefois.

— Celui qui voulait se faire couper en morceaux pour moi ?

— Oui, dit-il, celui-là même.

Et ils continuèrent une conversation coupée de longs silences où chacun d’eux écoutait parler son cœur. Valérie ne cherchait pas à maîtriser la fougue de passion qui la jetait à Damase, et la pression de sa main traduisait les mouvements de tout son être. Quant à lui, en voyant, à n’en pouvoir douter, que son amour était partagé, une joie immense l’envahissait. Mais, dans sa nature loyale, il respectait un abandon qu’il croyait innocent et la regardait doucement, plein d’un bonheur silencieux et recueilli.

— Où as-tu été blessé, cette fois ? demanda-t-elle.

Il montra le haut de sa poitrine, près de la clavicule :

— Ici.

— Et là ? fit-elle, irrésistiblement entraînée, en posant son doigt sur le cœur du jeune homme, au-dessous de la croix, n’as-tu pas été blessé aussi ?

Il la regarda éperdu :

— Oui, dit-il lentement, et c’est une blessure dont je ne guérirai jamais.