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IX


Les heures s’étaient envolées rapides, le jour baissait et les deux amants, ensevelis dans l’ombre, oubliaient tout. Damase revint le premier au sentiment de la réalité, et sa première pensée fut une pensée d’inquiétude pour Valérie.

— Voici la nuit bientôt, ma chère adorée ; que vont penser Mentillou et sa femme, et cette chambrière qui a l’air d’une finaude ?

— Eh ! qu’importe ce qu’ils pensent ! Tu es mien maintenant, ne me quitte plus ! dit-elle en l’étreignant avec force.

Damase fut obligé de la raisonner doucement, de lui représenter qu’il était inutile et dangereux de mettre tout le monde dans le secret de leurs amours et combien il était plus doux de les envelopper de mystère. Il lui remontra les conséquences fâcheuses qu’aurait pour elle cette divulgation à Fontagnac, dans cette petite ville aux langues empoisonnées.

— Si tu savais, dit-elle, en souriant, combien je méprise l’opinion de tous ces gens-là !

— Oui, mon ange, mais il y a des personnes de votre monde, M. de Lussac, par exemple, et M. de Brossac, votre tuteur…

Elle hocha la tête au nom du commandeur, sachant qu’il était homme à la comprendre.

— M. de Brossac, répondit-elle, est tombé quelque peu en enfance et aurait grand besoin lui-même d’un tuteur… Mais, écoute, amant bien cher, va-t’en, je