Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/18

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d’un bond sur une de ces murailles de pierres sèches qui enclosent les vignes dans le pays, la suivait un moment, puis descendait dans le chemin, se forlongeait, comme s’il allait au-devant des chiens, et, après, revenait vers le carrefour en coupant à travers les friches. Lorsqu’il fut à portée, M. de La Ralphie épaula lentement et le pauvre animal roula, foudroyé.

Vingt minutes après, un personnage d’une maigreur extrême, mais vigoureusement charpenté, faisait son entrée dans la cuisine de Guersac, et, n’y trouvant personne, se mettait le dos au feu, à cheval sur une chaise, après avoir placé son fusil dans le coin du foyer.

— Hé ! monsieur Second, fit la cuisinière en revenant, c’est vous ?

— Oui, ma pauvre Mariette, c’est moi, en corps et en âme, comme saint Amadour… et où est ton monsieur ?

— Il est allé faire un tour par là.

— Hum ! fit M. Second en souriant.

En ce moment, deux chiens courants se précipitèrent dans la cuisine, se dressèrent contre la table, puis se mirent à fureter dans tous les coins, cherchant à soulever du nez le couvercle des marmites rangées sous le fourneau.

— Arrête ! arrête ! Tanbelle, Faraud ! criait M. Second, bien inutilement, d’ailleurs.

Si la maigreur du maître était extraordinaire, celle des chiens était invraisemblable. Les pauvres bêtes n’avaient, à la lettre, que la peau collée sur les os, M. Second étant de cette école économique de chasseurs qui prétend que les chiens faméliques chassent, avec plus d’ardeur que les chiens bien nourris.

Dans le temps qu’il s’efforçait de calmer Faraud et Tanbelle, de la voix, appuyée de quelques coups