Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/24

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— Moi, on m’a trouvé contre le portail de l’église de Fontagnac, fit naïvement Damase.

— Alors, tu n’as ni père ni mère ?

— Hé ! non, notre demoiselle.

— Pourtant, tout le monde en a. Moi, j’ai papa, et maman est morte il y a longtemps. Les petits des métayers ont leur père et leur mère ; tu dois en avoir eu aussi.

— Sans doute, mais je ne m’en souviens point.

— Et ça ne te fait pas de la peine de n’avoir ni père ni mère que tu puisses aimer comme j’aime papa ?

— Si bien, mois que voulez-vous, demoiselle, il me faut bien prendre patience.

— Alors, n’ayant pas de parents, tu n’aimes personne, Damase ?

— Pardonnez-moi, demoiselle, j’aime ceux qui me font du bien.

— Et qui ça, la Mariette ? la Fillette ?

— Oui, j’aime tous ceux de Guersac.

— Tu aimes papa aussi, alors ?

— Oui, je l’aime parce qu’il est bon et qu’il m’a retiré de la charité.

— Et moi, tu m’aimes aussi, Damase ?

— Oui, notre demoiselle, je vous aime plus que tous les autres ensemble !

— Et pourquoi ça ?

— Je ne peux vous en rien dire, ne le sachant point ; seulement, je me ferais couper en morceaux pour vous !

Sur cette affirmation, la petite demoiselle cessa ses questions, réfléchissant, à part soi, et cherchant à comprendre pourquoi Damase se serait fait couper en morceaux pour elle ; mais avant d’avoir trouvé, ils arrivèrent au Prieuré.

Cinq ou six maisons avec leurs jardins clos de murs