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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/279

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d’un cabinet à deux corps, sculpté par un artiste de village ; d’un vieux coffre recouvert de cuir gaufré, avec des clous jadis dorés ; d’un grand miroir au tain obscurci ; d’une table barlongue à pieds tors ; de quelques chaises massives recouvertes de basane et de deux fauteuils à dossier carré. Recouvrant les murs, une tapisserie de verdure aux couleurs éteintes montait jusqu’aux solives du plafond. Dans un coin en pan coupé, une porte communiquait avec l’une des tours d’angle contenant un vaste cabinet de toilette.

La Géraude entra, portant un faix de bois, et alluma le feu dans la haute cheminée à grands landiers de fer.

— Il faudra mettre des draps au lit, lui dit Valérie.

— Sainte Vierge ! Vous voulez coucher dans cette chambre, notre demoiselle ?

— Et pourquoi pas ?

— C’est que votre défunte tante y est morte, là dans ce lit !

— Les morts ne sont pas à craindre, va !

Disant cela, Mlle de La Ralphie enleva la longue jupe de son amazone sous laquelle était une seconde jupe ordinaire, puis s’assit dans un fauteuil et présenta ses pieds à la flamme en les mettant sur la barre d’appui.

Restée seule, elle se chauffa un moment, ensuite parcourut la chambre et s’arrêta devant un portrait en buste de Mlle de Xaintrac vers l’âge de vingt ans. Elle avait dû être fort belle, la grand’tante ; cela se voyait malgré la médiocrité de la peinture. Les épaules étaient superbes, et les seins découverts à la mode du temps, opulents et rapprochés comme les aimait Louis XV. Il semblait à Mlle de La Ralphie