Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/37

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fauteuil au coin de la cheminée et s’y allongea. Valérie vint sur les genoux de son père se faire un peu câliner ; mais fatiguée du voyage, elle ne tarda pas à s’endormir. Alors, il se leva, et, la tenant dans ses bras, appela la Mariette.

— La pauvrette, elle est lasse ! dit la cuisinière en la prenant pour aller la coucher.

Ayant donné un baiser à sa fille endormie, M. de La Ralphie prit son chapeau, sa canne et se disposa à sortir. En passant, il ouvrit la porte de la cuisine où Damase, assis au coin du feu, attendait la soupe, et lui dit :

— Demain, tu partiras de bonne heure et tu emmèneras la bourrique de Mademoiselle à Guersac.

Il fut surpris de cela, le pauvre garçon ; il avait espéré voir la foire, le surlendemain, et ne pas quitter sa petite maîtresse ; cet ordre le contrariait fort.

— Quand faudra-t-il revenir chercher notre demoiselle ? demanda-t-il.

— Je te le ferai savoir.

Et M. de La Ralphie s’en alla au café du Château, où se réunissaient, dans une grande pièce au premier, décorée du nom de « Cercle Philomathique », quelques personnes de la bonne société de Fontagnac.

Autant le Cercle était bruyant et animé pendant la foire, autant il était paisible en temps ordinaire. Lorsque M. de La Ralphie entra, quelques membres jouaient tranquillement au piquet, leur tabatière à portée de la main, sur la table, et leur mouchoir sur les genoux. Le vieux M. de Brossac, président du Cercle, lisait la Gazette de France, à grand renfort de bésicles. Outre cet estimable chef du parti légitimiste à Fontagnac, il y avait là M. « de Coureau », que le maire juste-milieu s’obstinait à inscrire, sur la liste électorale, sous son vrai nom « Decoureau » :