Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/45

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aisance qui sentait plutôt la fille noble que la religieuse, s’avança vivement vers Valérie :

— Vous voilà donc, chère mignonne cousine ! Il y a bien cinq ou six ans que je vous vis à Guersac ; comme vous avez grandi !

Et elle embrassa la petite avec une effusion plus démonstrative que tendre.

Jeune encore, d’une figure agréable, avec des yeux noirs expressifs, que faisaient ressortir la matité du teint et la guimpe monastique, sœur Sainte-Bathilde ne déplut pas à Valérie. Assombrie par le temps, attristée par cet intérieur austère, il lui semblait bon de voir une créature vivante, caressante, qui l’avait prise maternellement dans ses bras et la questionnait affectueusement sur sa petite existence d’enfant. Au bout d’un moment, la supérieure, en femme intelligente, sentit qu’une auxiliaire lui serait utile pour apprivoiser cette enfant un peu fière.

— Vous n’aviez pas de petite amie à Guersac, ma chérie ? Seriez-vous bien aise d’en avoir une avec qui vous joueriez ? À qui vous raconteriez vos petites affaires ?

La petite sourit imperceptiblement.

Eh bien ! vous allez en avoir une !

Et la « chère mère », comme on l’appelait à Fontagnac, tira un cordon qui pendait le long de la cheminée.

Une sœur, qui devait être derrière la porte, entra aussitôt, mit les mains dans ses manches, baissa les yeux et s’inclina.

— Ma sœur, allez dire à Mlle  Amélie Beaufranc de venir me parler ici.

La sœur s’inclina derechef et sortit.

Un instant après, on entendit arriver en sautant, Mlle  Amélie qui ouvrit la porte et s’arrêta, surprise de trouver là des étrangers.