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maîtresse et ses moindres souhaits étaient des ordres pour tous. Au couvent, quelque soin que prit la supérieure d’adoucir pour elle les règles de la maison, elle s’y pliait difficilement. Sans doute, Liette était une bonne petite amie, mais, orpheline de bonne heure, elle n’avait pas connu la vie de famille, et, habituée dès longtemps au régime du pensionnat, ne comprenait pas grand’chose aux chagrins de Valérie. Elle était plus enfant aussi, et, souvent, ne savait que répondre aux confidences de sa précoce amie regrettant son existence d’autrefois. Mais elle avait un bon petit cœur, et ne sachant que lui dire pour la consoler, l’embrassait avec effusion.

La corneille fut d’abord un grand sujet de joie pour les pensionnaires. Elle pénétrait partout, dans le dortoir, au réfectoire, où elle picorait, dans la classe où elle entrait à tire-d’aile par les fenêtres ouvertes, et amusait les élèves par ses attitudes bizarres, allant parfois se percher sur l’épaule de sa maîtresse et cherchant à lui ôter la plume de la main. C’était de grands cris et des éclats de rire pendant les récréations, lorsque l’oiseau appelé par sa maîtresse, s’élançait du haut des toits, et, rapide comme une flèche, venait se poser sur son petit poing.

Mais, bientôt, il fallut restreindre, aux heures de récréation, la liberté de « Margot », qui empêchait les élèves d’étudier. L’oiseau, accoutumé à voler partout librement, ne put supporter cette demi-captivité et partit un jour pour ne plus revenir. Il sembla à Valérie qu’un lien se rompait de ceux qui l’attachaient à Guersac.

Cependant, elle se préparait à faire sa première communion, ainsi que Liette et quelques autres pensionnaires. Une sœur leur faisait le catéchisme tous les jours, et, trois fois la semaine, l’abbé Turnac,