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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/96

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reprises, rendu à la Françon de ces petits soins auxquels les hommes sont inhabiles et elle s’offrait. Cette femme, venue tout exprès à Fontagnac, appelée secrètement par l’abbé Turnac à l’instigation de l’ex-jésuite, se disait veuve, mais, en réalité, c’était une vieille fille, ancienne gouvernante d’un curé, qui vivait seule d’une pension viagère que lui avait faite son défunt maître. Le bonhomme Latheulade se défiait des femmes, en général, mais, comme la Bernotte s’exprimait assez librement sur le compte des prêtres et qu’elle n’allait pas à la messe, ce qui l’avait fait soupçonner d’être higounaoudo, ou huguenote, par les vieilles dévotes, sa défiance naturelle s’endormit, la nécessité aidant.

La Françon traîna encore six mois, pendant lesquels la Bernotte acheva de se rendre nécessaire et gagna la confiance du méchant jacobin par le zèle avec lequel elle avait repoussé les tentatives de l’abbé Turnac qui feignait une grande ardeur pour la conversion de la vieille servante, aussi incrédule que son maître. Lorsque le cercueil de la défunte, suivi seulement de Caïus et de la Bernotte, fut déposé dans un coin maudit du cimetière, plein de ronces et d’orties, le vieillard, complètement abusé par la comédie concertée avec Turnac, dit à l’autre :

— À cette heure, tu vas demeurer à la maison, n’est-ce pas, Bernotte ?

Quelques mois après l’installation de celle-ci chez lui, le vieux Caïus eut une attaque de paralysie qui présageait sa fin : c’était « un mauvais coup de cloche », comme on dit dans le pays. La nouvelle s’étant sue rapidement, l’abbé Turnac profita d’une absence de la Bernotte, commandée par lui, pour s’introduire dans la maison. En le voyant entrer avec une effronterie hypocrite, l’ancien président du Comité