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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/97

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révolutionnaire fut pris d’une violente colère, et, de son bras valide, saisit dans la ruelle du lit un bâton pour écarter l’abbé. Le voyant encore en état de résister, celui-ci s’esquiva.

Le vieillard se remit un peu après cette secousse et put se lever, mais il ne quitta plus le coin du foyer. Puis, survint une seconde attaque qui le cloua dans le lit, à peu près inerte, et n’ayant guère conservé que l’usage de la parole et toute sa tête. Quoiqu’il n’eût pas de soupçon sur le rôle odieux qu’elle jouait près de lui, sa confiance en la Bernotte était un peu ébranlée par quelques circonstances qui lui faisaient craindre qu’elle ne se laissât corrompre par les prêtres lorsque la maladie l’aurait rendu incapable de se défendre de leurs entreprises. Aussi, souvent, lorsque venait Damase, il lui disait :

— Lorsque tu me verras tirer à ma fin, ne me quitte plus, parce que, lorsqu’ils me sentiront mourant, les calotins reviendront encore, comme les grolles : ne les laisse pas approcher !

L’abbé Turnac revint, en effet, mais Damase, se trouvant là, se planta sur le seuil de la porte et lui refusa le passage malgré son insistance et ses adjurations cagotes. Mais, comme le vieillard s’affaiblissait chaque jour et que les nouvelles que lui faisait passer secrètement la Bernotte, annonçaient sa fin prochaine, l’abbé, de concert avec l’ex-jésuite, alla trouver M. Boyssier et eut avec lui un entretien d’où sortit une machination infâme. Deux jours après, le paralytique étant au plus bas, Damase, qui était près de lui, fut mandé par son patron et dut s’apprêter à l’accompagner pour aller recevoir un testament. Avant de partir, le clerc revint chez Caïus et recommanda fortement à la Bernotte de ne laisser pénétrer aucun prêtre près du malade. Sur les assurances