Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/107

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tous deux s’arrêtent, essoufflés, honteux, et se séparent.

— Écoutez ! dit Jean. Vous en avez assez d’autres, n’est-ce pas ?… Pour celle-ci, elle est mienne… n’y touchez pas !

— Personne encore n’a taillé sa portion à François Rudel… Ce n’est pas toi qui commenceras, mauvais galopin ! Je veux cette drole et je l’aurai.

Alors Jean, fou de colère, tire de sa poche un couteau dont la lame aiguë a bien six pouces de long ; il l’ouvre et le met sous le nez de son père :

— Si jamais vous la touchez du bout du doigt seulement, celui-ci fera votre affaire ! Regardez-le bien !

Intimidé par cette lame brillante près de sa gorge et par le regard farouche de son fils, M. Rudel recule et s’en va :

— Tu paieras tout ça cher, grand goujat !

Lors revient Jean vers la petite Nicette qui pleure, tremblante, affaissée sur ses jarrets. Il la relève, la console et l’embrasse :