Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/113

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le moment, point de grands soucis présents. Depuis la scène du moulin ruiné, M. Rudel n’a pas adressé la parole à son fils, mais il n’a pas cherché à revoir la Nicette, et Jean souhaite que ça continue toujours ainsi. Il croit que son père a eu honte de sa conduite et ne récidivera plus. Il se trompe, le brave et honnête drole : M. Rudel « espère » une occasion, tout bonnement.

Si la Nicette tient déjà ses seize ans, Jean en aura bientôt vingt et un : il va tirer au sort prochainement, et c’est là que son père l’attend.

Vingt ans auparavant, la première année que M. Rudel fut maire, la commune n’avait que bien peu de conscrits ; de manière que, lors du tirage le préfet en ayant fait la remarque, le nouveau maire répondit en riant, assez cyniquement :

— Dans vingt ans, il y en aura le double, je vous le promets, monsieur le préfet !

Le jour du tirage est venu, et le préfet d’alors n’est plus là pour vérifier la chose ; mais le fait est que le nombre des conscrits s’est beaucoup