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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/133

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Les yeux de la Guillone flambent en voyant tout cet or. Non qu’elle consente, même en pensée, mais ces pièces qui brillent, ça fait toujours un effet… Non, certes, elle ne consent pas : elle sait que toutes les servantes qui entrent chez M. Rudel sont perdues… et elle aime trop sa drole pour la vendre… Et puis M. Jean qui l’aime tant, la Nicette !… Elle a encore dans les oreilles ses paroles du départ : « Que rien ne lui arrive ! Je tuerais quelqu’un ! »

Elle soupire derechef et se lève :

— Vous voulez rire, notre monsieur !… Excusez… il faut que je m’en aille…

M. Rudel croit qu’elle hésite… Enragé de désirs, il vide la bourse sur la table et remue l’or avec la main :

— Laisse-la venir… tout ça est pour toi…

Mais la Guillone s’enfuit épouvantée.

— Tu t’en repentiras ! Vieille bourrique !

Et M. Rudel, furieux, ramasse ses louis, serre la bourse dans son grand cabinet, jure, sacre, et descend passer sa colère sur son monde. Puis