Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/141

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et avec laquelle ils font jouer le verrou intérieur.

Pour se mettre à l’abri, la Nicette attache à un clou de la porte la poignée du verrou. Puis elle ferme le petit « fenestrou », au moyen du « renard » en fer qui tient le contrevent clos.

Et elle se recouche, plus fatiguée d’avoir fait quelques pas que d’une journée de travail aux champs. Depuis la veille au soir, elle n’a pas mangé, mais elle n’a point faim : la pensée de son malheur lui ôte tout autre sentiment.

De son lit, elle voit dessous la porte le jour baisser, et elle entend passer dans le chemin les gens qui reviennent des terres. À la nuit tombante, elle reconnaît le pas de la jument de M. Rudel qui rentre de sa tournée. De savoir cet homme si près d’elle, ça la fait frémir ; et, quoiqu’elle ait pris ses précautions, elle tremble et s’angoisse en songeant qu’il pourrait bien revenir…

Il est nuit close. La petite, les yeux grands ouverts, a devant ses paupières brûlées par les larmes et l’insomnie la vision de l’horrible