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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/144

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chise de Chasseins » que Jean Rudel, remplacé, revient du régiment. Ah ! comme cette nouvelle lui étreint le cœur, à la pauvre petite ! Que va dire Jean ? Une mortelle tristesse la prend, et, lorsqu’elle est seule, elle pleure silencieusement.

Après sa venue, elle le fuit pendant quelques jours, mais enfin il la trouve seule, un matin, dans la carrière abandonnée, où les chèvres broutent les pointes de ronces.

— Non, mon Jean, fait-elle lorsqu’il veut l’embrasser, non, ça ne se peut.

— Et pourquoi ? fait-il, étonné.

— Mon doux ami, dit-elle en se mettant à genoux, comme une coupable, la pauvrette ! mon doux ami, je ne suis plus celle que vous laissâtes honnête fille en partant… Je n’ai plus la fleur de mon corps… votre petite Nicette n’est plus digne de vous…

Lui pâlit et serre les dents tandis que, tout en larmes, elle fait le récit de son malheur.

— Et qui est celui-là ? demande-t-il d’une voix étranglée après qu’elle a fini.