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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/146

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terait son couteau dans le bon endroit, sous la quatrième côte !… Mais ne savoir sur qui faire tomber la colère qui lui brûle au creux de l’estomac !…

— Pauvre petite ! pauvre petite !

Et il s’en va. Dans le bois du Sol il se jette à plat ventre et mord la palène en pleurant de rage.

Les jours ensuivants, il erre seul à travers pays, évitant les chemins. Où va-t-il ? Nulle part. Il marche au hasard, sombre, farouche : ceux qui l’aperçoivent le prennent pour un fou. Ce bon fils oublie sa mère, ce vaillant travailleur ne pense plus au travail : une chose le mine, le ronge, le malheur de la petite Nicette…

Puis une pensée de pitié lui vient, et, une après-midi, il va la rejoindre le long des Bois-Lauriers :

— Ô ma petite Nicette ! Le coup fut dur, l’autre matin… Depuis, j’y ai pensé : tu n’es point fautive, mais seulement malheureuse…

— Oui, mon Jean, bien malheureuse !