Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/154

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Pour quarante sous, M. Rudel s’en tirera : c’est une économie de dix francs sur les quatre écus coutumiers.

Derrière la chapelle ruinée des Gonthiers, est un terrain maudit, plein de ronces, d’orties et de mauvaises herbes. Là on enterre les mort-nés, les déconfès, ceux qui se sont défaits ; là on mit, une vingtaine d’années devant, un vieil huguenot du Fleix, qui s’était habitué dans le pays comme taupier.

Le fossoyeur, prévenu il n’y a qu’un moment, arrive et commence à faire le trou. Le meunier enlève le corps, le dépose dans les hautes herbes et s’en retourne à son travail. La Guillone, accroupie auprès, regarde et pleure.

La fosse se creuse lentement ; l’homme est vieux et se repose souvent. Enfin sa tête blanche, s’enfonçant peu à peu, disparaît presque : il s’arrête et sort. Il triche bien d’un bon pied, mais qui le saura ?

Le vieux homme, à l’autre bout du cimetière, va quérir une longue, solide planche, et la place dans la fosse en plan incliné. Puis, avec