Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/161

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l’autre poupon, qui, moins vigoureux qu’Émile, vagit faiblement.

Trois jours il reste à l’hospice, le drole, tétant la nourrice banale, suçant à la fiole, buvant le lait à la cuiller, goulu, ne refusant rien. Puis un matin vient une femme demander un nourrisson. Elle a de bons certificats ; le médecin lui manie les mamelles passablement garnies, on lui donne le nommé Malvenu, Émile, numéro 745.

Et la femme s’en retourne vers le Temple où elle demeure pour le moment. Plus heureuse que la Guillone, elle ne marche pas de pied ; elle est assise sur une vieille bourrique, mal harnachée d’une mauvaise bastine à porter les sacs de minerai aux forges. Son homme, qui l’a accompagnée, touche la bête. On dirait à les voir une Fuite en Égypte, rustique.

S’ils ont une « sommade », ça n’est pas qu’ils soient bien avancés, la bête n’est pas à eux. Un voisin, muletier de son état, l’a prêtée, n’en ayant besoin ce jour-là. Rien qu’à voir leur habillement, d’ailleurs, on connaît