Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/168

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bœuf, et des moutons entiers, pendus aux étaux des mazeliers ; mais il ne fait pas de rêves ambitieux ; il sait que cette chair n’est pas pour les pauvres. Modestement, il pense à une bonne soupe de pain noir avec des raves et des « mongettes », ou haricots ; mais là, bien épaisse, une soupe de scieur de long, où la cuiller plantée se tient toute droite.

Ah ! s’il en avait une grande pleine soupière !

Mais il n’en a pas ; il n’a même pas un morceau de pain dur à se mettre sous la dent ; le chanteau fut fini la veille : il n’y a plus qu’à s’aller coucher.

Dans un coin de la cassine, contre le mur fruste, incrépi, est un châlit de grosse menuiserie, piqué des « cussous », ou autrement, des vers, boiteux, avec une paillasse, une mauvaise couette jaunie, des draps troués et un méchant couvre-pieds tout rapetassé. Dans le coin opposé, une autre paillasse est jetée sur une litière de brande, à cause de l’humidité de la terre. L’homme et la femme se couchent dans le lit,