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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/34

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Tout en tournant son fuseau, la mère désolée songe à ces malheurs qui l’écrasent : son homme mort il y a deux mois, sa petite hier. Maintenant la voilà seule, pauvre veuve et « relicte » ; que va-t-elle devenir ? Et tandis qu’elle songe, la montée du lait lui gonfle les tétins jusqu’à les faire « douloir ». Pour le soulagement, elle s’en va faire téter le petit d’une voisine, et ça lui donne l’idée de prendre un nourrisson. À l’hospice de Périgueux, elle est sûre d’en trouver un. On ne paie pas cher, quatre francs par mois, mais c’est toujours ça.

S’étant décidée, le soir la Guillone redescend de Chasseins, suit le grand chemin seigneurial d’Hautefort à Nailhac, et arrive à la cure comme le curé est en train de souper.

De la porte de la salle, laissée ouverte par la gouvernante, elle le voit attablé, la serviette au cou, avec un chapon devant lui et sa tabatière à côté. Rouge, la bouche pleine, il l’interpelle sans cesser de manger.

Ce qu’elle veut ? Un certificat pour les sœurs