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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/42

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À cinq ans, c’est une belle fillette, qui s’en va, tête et pieds nus, garder trois oisons que sa mère nourrice a fait éclore sous une poule, avec des œufs donnés quasi par charité. Sa tête est ébouriffée ; sa robe trop courte, qui lui vient aux genoux, laisse voir ses jambes poussiéreuses ; mais tout de même elle est toujours mignarde. Les enfants du village en sont jaloux, comme les mères, et l’appellent « bâtarde ». La pauvrette ne sait ce que ça veut dire, mais elle comprend bien qu’ils lui veulent faire de la peine : quelquefois, ils la battent et la font pleurer. Il y a surtout la Coulaude, de chez Dubouret, qui lui fait des misères. C’est une drole de neuf ans, sale, méchante et laide, avec un petit goitre qui pousse. Cette Coulaude est très fière, elle « se croit », comme disent les gens, parce que ses parents ont un bien d’une quarantaine de « quartonnées », et qu’ils gardent une paire de bœufs toute l’année, presque.

Sans doute, il y a une très grande différence entre les deux maisons, qui ne sont nullement comparables, mais cependant, après M. Rudel,