Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/47

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Il a raison, le curé, mais les enfants des pauvres sont exposés à bien des choses. La petite gagnait, ce faisant, environ deux écus l’an, et c’est quelque chose que deux écus dans une piètre maison comme celle-ci. Tant que l’hospice de Périgueux payait quatre francs par mois la nourriture et le gardiennage de la petite, ça allait encore, on était quasiment riche ; mais maintenant la Guillone a grand’peine à entretenir le pain dans la cassine. Le plus ordinairement, elle et Nicette vivent de bouillie de blé d’Espagne, de « miques », de « millassous », de châtaignes et de pommes de terre à l’étouffée. Souvent la mère nourrice s’en va travailler à la journée chez les uns et les autres, à sarcler, biner, faire les fenaisons et les « métives ». On lui donne quatre sous et nourrie, en sorte que, de ce temps, la petite reste seule et vit comme elle peut.

À douze ans, la Nicette fait sa première communion. Depuis longtemps, la Guillone épargne durement et empile sou sur sou pour lui acheter une robe, une coiffe, des souliers et un