Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cierge. Le jour venu, elles s’en vont à Nailhac, et la petite, qui n’a jamais mis de souliers, ne sait marcher. Elle se croit bien vêtue, la pauvrette, avec sa brassière d’indienne bleue à pois blancs, son cotillon de serge et sa coiffe de linon. Mais, lorsqu’elle est dans l’église, et qu’elle voit les autres, en robe de mérinos, avec des bonnets à fleurs, et d’aucunes, les petites bourgeoises, tout en blanc avec des voiles, des couronnes sur la tête et de grands cierges garnis de rubans, elle sent sa pauvreté. Pourtant elle n’est point jalouse ni envieuse, et elle se résigne. Son cierge est tout petit, gros comme une chandelle de résine, et le curé ne gagnera guère dessus ; « mais le bon Dieu, se dit-elle, ne fait pas attention à ça ». Le bon Dieu, possible ; mais le curé, si. Lorsqu’on les lui porte, puis après, à la sacristie, il fait force compliments aux parents des filles à gros cierge et ne dit quasiment rien aux autres.