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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/50

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écus, et elle accepte. Il fait grand’peine à la pauvre drole d’aller dans cette maison des « boucatiers », sous la main de la Coulaude qui la déteste et près de l’idiot dont elle a peur. Mais la Guillone l’encourage, tant elle a envie de sa chèvre ; d’ailleurs il est convenu que la petite viendra coucher tous les soirs avec elle.

Enfin, pour complaire à sa mère nourrice, l’enfant se décide, et la voilà touchant les vingt ou vingt-cinq ouailles de chez Dubouret, et le bouc avec. On ne lui donne pas de chien : les « boucatiers » n’en ont pas, parce que ça mange, les chiens, en sorte qu’il lui faut courir après les brebis lorsqu’elles s’écartent. Tant qu’elle est dehors, seule avec son troupeau, dans les friches devers Badefols, ou dans les pentes roides et pierreuses du plateau de Chasseins, où viennent, à force, le « poil de chien », les carottes et l’angélique sauvages, ça va encore, l’enfant peut songer à son aise en filant sa quenouille. Mais à la maison, cette mauvaise Coulaude lui fait des misères. Si elle rentre tôt ses bêtes, c’est une « faignante » qui ne les laisse