Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/51

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pas paître ; si elle les ramène tard, c’est encore une « faignante » qui cherche à se tirer du travail de la maison. Et puis c’est une « gourmande ». La pauvre mange comme un petit oiseau ; on lui plaint le pain, et, craintive ; à table elle n’ose écouter sa faim. En toute occasion, la Coulaude, maîtresse et ménagère à présent, la brusque, la rudoie et lui dit des sottises.

La « boucatière » est maintenant une grosse fille de dix-sept ans, épaisse et lourde, aussi bien de l’entendement comme du corps. Cette laide enrage de voir la mignarde petite et elle prend un méchant plaisir à la tourmenter. Le grand crime de la Nicette, c’est sa bâtardise, comme si c’était elle la fautive ; pauvre innocente ! La vilaine Coulaude revient là-dessus de toutes les manières et toujours avec des paroles grossières, de sales mots, et souvent des sous-entendus dégoûtants :

La pauvre Nicette entend tout ça et s’efforce de ne pas laisser ces saletés, qui froissent sa délicatesse native, pénétrer jusqu’à sa pensée.