peur et horreur de cet être immonde, encore plus que de « Saute-Buisson ».
— Embrasse-la, Bourettou ! — dit méchamment, un jour, à son frère, la Coulaude.
Et l’idiot, ricanant bêtement, court pour la saisir avec ses grands bras qui n’en finissent plus ; mais elle sort en criant et appelle au secours.
Justement, Jean Rudel passe lors, revenant de la foire de Badefols, une pousse de châtaignier à la main en manière de bâton. Ça n’est pas un bavard, ce Jean. Il commence par cingler l’idiot de deux bons coups de houssine, et puis dit à la Coulaude :
— Fais attention à lui et à toi ! Si vous faites des misères à cette drole, vous aurez affaire à moi !… Tu me le sauras dire, Nicette !
Pour quelque temps, la petite est un peu tranquille ; mais la gueuse de Coulaude la rattrape d’un autre côté : elle écrase de travail au-dessus de ses forces la mince créature. Jean ne peut rien dire à ça : elle est louée, c’est pour travailler. Il faut bien qu’elle gagne ses six écus et sa paire de sabots. Et certes elle