Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/55

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les gagne, la pauvrette. Une des principales méchancetés de cette saleté de « boucatière », c’est de « prodiguer » l’eau afin de l’envoyer plus souvent à la fontaine, qui est loin, tout au pied du grand terme de Chasseins. Pour remonter ses deux seaux pleins, elle ne peut, la petite menue ; rien qu’à moitié, ils la font plier sous la charge. Cette barre de bois un peu cintrée, avec une coche à chaque bout pour retenir les anses des seaux, qu’on appelle dans le pays un « chambalou », lui « mache » l’épaule ; et la rude montée l’essouffle et lui fait battre le cœur à force : aussi que de pauses elle fait !

Lorsqu’elle arrive, c’est des criailleries, de mauvaises paroles : elle a mis trop de temps, les seaux ne sont pas assez pleins… et puis le refrain : « Grande faignante !… grande gourmande ! »

Le soir, lorsque le père Dubouret revient des terres, c’est des histoires, des inventions pour le mettre en colère contre la pauvre drole. Lui n’est pas méchant, mais il est bête et brutal. Très facilement il croit les menteries de sa fille,