Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/56

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et, des fois, de sa lourde main durcie par le « bigot » ou hoyau, il donne une « buffe » à l’enfant.

Ce martyre dure deux ans tout près. Puis, aux alentours de sa quatorzième année, la petite devient malade. Ses yeux éteints, sa bouche décolorée, sa figure pâle comme la cire le disent assez. Sa faiblesse, l’air de souffrance de toute sa personne attendriraient un recors ; la Coulaude, non.

Un jour que la Nicette vient de monter à grand’peine deux seaux à moitié pleins, la vilaine « boucatière » la reçoit avec ses gros mots coutumiers, ses injures, lui reproche de voler le pain qu’elle mange, et, sans pitié pour la pauvrette qui est tombée assise sur un banc, lui crie :

— Tu vas aller quérir d’autre eau !

— Je ne peux pas !

— Ah ! tu ne peux pas ! Moi, je vais t’aider !

Et, sautant sur la petite, elle lui arrache son mouchoir de tête et, lui empoignant les cheveux à pleines mains, la secoue rudement.