Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et peut-être leur nom vient-il originairement de la rudesse de caractère d’un ancêtre devenue héréditaire. Ce qui est sûr, c’est que nul ne l’a été plus que le dernier, François Rudel, le père de Jean. Lorsqu’il parle, tout se tait. Comme maire, dans la paroisse il est maître ; à Chasseins, il est roi ; dans sa maison, il est dieu.

Cette maison est pleine de chevance, largement fournie de tous les biens de la terre. Les planchers des greniers fléchissent sous les tas de grains ; la basse-cour est garnie de volaille et le cellier plein de vin. Les granges sont bourrées de fourrages, les armoires de linge et les placards de provisions de toute sorte.

M. Rudel est le seigneur de toutes ces choses ; il commande à trois domestiques, dont un petit dindonnier, à deux servantes et à sa femme, dont l’existence se passe à faire des enfants et à les élever. Pour ce qui est de Jean, son père et lui se parlent à peine.

M. Rudel vit chez lui d’une existence patriarcale, tellement patriarcale que les chambrières suppléent régulièrement madame Rudel, tou-