Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/74

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un tel homme une seule femme ne suffise pas, ni même deux. Aussi lorsque, dans ses courses, d’aventure, il rencontre seulette au logis une fille qui lui plaît, ou encore une bergère à la lisière d’un bois, il les accole sans grande cérémonie, au moins aucunes de bonne volonté.

Sur ses terres, il exerce le droit de jambage des anciens seigneurs. Les métayères, les passables s’entend, ne lui échappent guère. Quelques-unes, il les a, moitié figue, moitié raisin, comme on dit ; mais d’autres sont flattées d’avoir affaire à lui :

— C’est bien de l’honneur, notre monsieur !

Ce n’est point seulement par vice ou débauche que M. Rudel en use de la sorte ; non, c’est aussi par nécessité. Il est polygame par tempérament, comme le coq. Lui qui saigne tant les autres devrait, certes, pour rentrer un peu dans l’ordinaire, se faire tirer par un confrère quelques palettes de sang, quatre ou cinq fois l’an, comme faisaient, dit-on, certains abbés pour leurs moines trop vigoureux.

Eh bien ! cet homme à la constitution puis-