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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/82

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garde-toi de lui comme d’un chien fou… tu me le promets ?

Si elle le promet ! Je crois bien ! La seule présence de M. Rudel la transit, et le regard de ses yeux brillants la « hontoie ».

Rasséréné un peu, Jean la contemple avec grande affection et s’on va :

— Adieu, mignonne !

Eh bien, Jean a tort de craindre, du moins pour le moment. M. Rudel n’est pas de ceux qui aiment les fruits verts : il n’a pas besoin de ce ragoût. Il les aime à leur maturité, fermes et juteux. Il aime les filles faites, charnues, bien rablées, solides, telles qu’il les faut à un fier homme comme lui. Une jolie figure, de beaux yeux avec un corps grêle, des formes délicates, à peine accusées, tout cela n’est pas son fait. Adonc la petite Nicette, qui est dans ses quinze ans et demi, un peu mince, maigrelette, ne risque rien quant à présent : M. Rudel lui donne le temps de venir en bon point. Elle est là, sous ses yeux, à deux pas ; il se dit qu’elle ne peut lui échapper et ne se presse