Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, ne voulant gâter son plaisir futur. Dans les alentours, il a toujours comme ça deux ou trois jolies drolettes en mue qu’il a remarquées, et dont il surveille la croissance. Lorsqu’elles se trouvent sur son chemin, il les « amignarde » de paroles, et leur baille deux sous pour acheter un « tortillon », le dimanche, devant la porte de l’église. Quelquefois il leur touche bien le « babignou », qui est à dire le menton, histoire de les apprivoiser, mais c’est tout. Puis, une fois d’âge compétent, bien venues, bien en chair, fortes, et idoines à faire l’amour, si elles sont restées gentes, et que quelque galant ne les ait pas détournées, il les prend comme chambrières. Pour celles qui n’ont que la beauté du diable, elles vaudront toujours bien une passade.

Mais Jean ne raisonne pas sur tout cela. Il voudrait que son père ne regardât même pas la petite Nicette : il lui semble que ce regard convoiteux soit une salissure.

Quoiqu’il ait confiance en la drole, comme il n’en a aucune en son père, il ne la perd guère