Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de vue. Par son conseil, la petite ne mène pas ses bêtes le long des chemins où M. Rudel est coutumier de passer, mais au milieu des terres en jachère, dans les friches pleines de ronciers où broute la chèvre, sous les chênes de bordure où le porcelet trouve la glandée.

Souventes fois, tandis qu’elle file sa quenouille, il survient là, tout d’un coup, ainsi qu’un champignon, et lui parle un moment. De quoi ? point n’est difficile de le dire : de la pluie et du beau temps, des apparences de la récolte, des travaux de la saison… avec quelque gentille parole amiteuse par-ci, par-là.

Il est très bon, ce Jean, bon comme du pain de fine fleur de froment, et ça lui fait grand’peine de voir la Nicette et sa mère nourrice si pauvres que la petite en pâtit des fois peut-être. Aussi s’ingénie-t-il à leur venir en aide sans qu’on s’en donne garde. C’est un panier de haricots, une « quarte » de blé, un sac de châtaignes, et autres choses comme ça qui leur aident à vivre. À la saison, elles vont glaner dans les retoubles et « hallebotter »