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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/91

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Un autre badin, c’est Mémy, le maître valet. Il est assis à côté de la grosse Tourille, une drole très sensible et titilleuse, qui pousse des petits cris aigus et effarouchés aussi peu que son voisin la pince… ce qui fait rire tout le monde :

— Hé, Mémy, que lui fais-tu ?

— Sans comparaison, ajoute un vieux, on dirait une cavale chatouilleuse !

Et tous à rire, derechef.

Nonobstant cette gaieté, « notre jeune monsieur » ne s’amuse pas beaucoup pendant le repas. À son gré, il l’eût accourci de trois bonnes heures. Mais il croit devoir être avec son monde, à la fête comme au travail, et les laisser s’amuser à leur façon. S’il eût suivi ses préférences, il fût descendu vers les « champs-froids » de la Gerbaudie, où la Nicette est allée garder sa bique. À son esprit, la drole est toujours présente : soit qu’il mène des bœufs en foire, soit qu’il fauche un pré, ou qu’il tienne le manche de l’antique araire encore en usage dans le pays en ce temps-là, toujours il voit devant ses yeux la tête fine et toute la