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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/92

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personne joliette de la petite. Il trouve qu’elle ressemble à la sainte Vierge d’un tableau de l’église de Nailhac, où un peintre de passage a représenté l’Annonciation. Maintenant, c’est fait, il l’aime d’un amour d’homme. Ce n’est plus le rêve d’un enfant, ni le désir vague d’un jouvenceau ; mais la passion exclusive et forte d’un qui veut celle-ci, corps et âme, présentement et jusqu’à la mort.

Le surlendemain, Jean descend de Chasseins par une écoursière et suit une de ces combes qui « étoilent » autour de la colline. Il a vu la petite Nicette s’en aller par là, menant sa « cabre » par la corde, et il va vers elle. Tourmenté par le désir de déclarer son amour à la bergerette, il l’est grandement : mais ne sait comment s’y prendre. Il voudrait aussi savoir au juste si elle l’aime. Il s’en doute bien un peu, le pauvre grand innocent : il n’y a qu’à la voir, lorsqu’il lui parle. Mais en ces choses on n’est jamais trop certain… et puis il est si bon d’en ouïr l’assurance !

Dans un vallon au midi de Chasseins, court