Sans autre monde que cette terre ; sans autre idéal de bonheur que le bonheur possible sur cette terre ; sans autre moyen de le réaliser que le travail, c’est du travail, on le comprend en effet, que les Chinois ont dû se préoccuper d’abord ; et leur première pensée a été de l’entourer des conditions les plus favorables. Oui, l’homme est, de son essence, créateur, travailleur ; mais il ne faut cependant pas que ses dispositions intimes soient contrariées dans son intérêt ou dans sa dignité. Non, « il n’est pas de plus sûr moyen d’ennoblir le travail que de montrer son rapport avec les lois naturelles[1] », mais à la condition que ces lois naturelles ne soient pas contredites par les lois civiles et politiques. Les Chinois y ont pris garde. De là, la modicité de l’impôt, le régime de la propriété qui attribue au travailleur la totalité de la plus-value qu’il y a ajoutée, et le droit de l’État de reprendre les terres restées sans culture. De là, la liberté et le respect du travail et du travailleur ; l’absence de castes de rentiers, d’oisifs, d’esclaves ou de serfs. Tous travaillent et travaillent au même titre, car ils travaillent à la même œuvre, le progrès, l’assomption incessante de la terre et de toutes les choses de la
- ↑ Channing.