Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/126

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terre vers le bien, ou, comme ils le disent eux-même, la communion constante, et de plus en plus intime du ciel et de la terre[1]. Les Chinois ne connaissent donc pas de travail servile. Les professions que nous appelons libérales et les professions manuelles sont sur le même pied[2]. Un ouvrier maçon, cultivateur, charpentier, etc., n’est pas moins estimé qu’un médecin ou qu’un artiste, et n’est guère moins payé. La visite d’un médecin coûte 25 centimes, quelquefois moins, 50 centimes au plus. La journée d’un dessinateur ou d’un peintre, 50 à 60 centimes ; celle d’un ouvrier d’art, 50 centimes, sans nourriture. A la campagne, on ne leur donne que 25 à 30 centimes, mais on les nourrit. La main-d’œuvre pour les travaux ordinaires de l’agriculture vaut 15 à 20 centimes par jour, et la nourriture en plus. Pour le repiquage du riz, on le paye un sou de plus et deux pour le battage. On voit que l’égalité des professions n’est pas, en Chine, une pure théorie. Ce n’est sans doute pas très encourageant pour ceux qui voudraient faire de l’art un prétexte ou un moyen de s’affranchir d’un travail manuel, mais il n’y a que ceux-là qui pourraient se plaindre, et les véritables artistes se produisent quand même. Dans tous les cas, sans même essayer d’aborder ici la question d’esthétique, qui n’a aucun rapport avec la question d’argent, cette façon d’envisager les choses

  1. Y-King. Cette communion est figurée par deux triangles, l'un blanc, l’autre noir, qui se pénètrent par l’un de leurs angles.
  2. Sauf trois exceptions qui ne touchent pas, d’ailleurs, à la nature de la profession, ainsi que je le dirai plus tard.